Claude Chabrol dit adieu à la comédie humaine ...

 Mais qu'est-ce que c'est que cette loi des séries ? Le cinéma a vraiment le mauvais oeil depuis quelques mois. Stop ! Claude Chabrol est un de mes réalisateurs préférés et j'avais tenu à lui écrire un petit billet en juin dernier pour ses 80 printemps ayant eu je l'avoue, un pressentiment, celui de son départ.

article du 24.06.2010

Claude Chabrol est né à Paris le 24 juin 1930. D'abord critique aux "Cahiers du cinéma" et attaché de presse, il réalise un premier film en 1958, qu'il produit grâce à un héritage. Sans le savoir, il inaugure la fameuse nouvelle vague du cinéma français avec "Le beau Serge". Le tournage se fait à Sardent, dans la Creuse, que Chabrol connaît bien pour y avoir passé son enfance et avoir été projectionniste du cinéma local. Ce film, très libre et indépendant, sur le fond, dégagé de toute morale chrétienne, et sur la forme, hors des diktats commerciaux, marquera toute une époque.

De sa difficulté à cerner le monde et le genre humain, naîtra "Les bonnes femmes" en 1960, premier film estampilllé du style, de la griffe, Chabrol. Il commence véritablement sa carrière à la fin des années soixante, par une peinture de la bourgeoisie de province avec ses travers et ses vices cachés. Les notables de la France prospère de l'époque en prennent plein leur grade. Il puise avec délice dans tout ce qui est profondément humain et nous régale sans concession avec des histoires  ou règnent le non-dit, les apparences ou la bêtise. Il raconte aussi plus largement que personne n'est à l'abri d'un dérapage et de voir sa vie basculer.

Sa filmographie constitue une véritable saga humaine sacarstique et brillante. Il bouscule les convenances, révèle l'hypocrisie. Il s'attache à faire craquer bien des vernis en co-écrivant des histoires (avec notamment Paul Géguauff jusqu'en 1975),  en s'inspirant de romans policiers ou en dénichant des faits divers dont il raffole. De grands réalisateurs l'inspirent, comme Fritz lang, Jean Renoir et aussi Alfred Hitchcock dont il est un fervent admirateur (Hitchcock, aux Éditions d'aujourd'hui, co-écrit avec Eric Rohmer, 1957).

Master Class Claude Chabrol ... à déguster !

Il ne s'exclut pas de cette comédie humaine, bien au contraire. Son auto-dérision fait partie des ingrédients de ses histoires habilement romancées. Il confesse volontiers être un fervent téléspectateur de jeux comme "Le juste prix, et "La roue de la fortune". Il est aussi un des premiers réalisateurs de films cinématographiques à venir vers la télévision et à lui offrir des bijoux comme l'inspecteur Lavardin. Cette série de quatre épisodes (diffusés de 1988 à 1990 sur tf1) met en scène un inspecteur arrogant, servi par le délicieux Jean Poiret, qui symbolise à jamais l'élégance et la finesse dans la drôlerie. Ses oeuvres télévisuelles (une vingtaine) plus récentes, font partie de la série "Chez Maupassant" (quatre téléfilms entre 2006 et 2009).

Le succès de ses films sont dus aussi à l'interprétation remarquable de ses actrices (Stéphane Audran, Isabelle Huppert, actrices fétiches, Caroline Cellier, Marie Trintignant, Sandrine Bonnaire, entre autres) et de ses  acteurs (Jean Yanne, Michel Duchaussoy, Michel Bouquet, entre autres, puis François Berléand, François Cluzet, Benoît Magimel, Bernard Lecoq, ...). Chabrol a lui-même fait l'acteur une trentaine de fois !

Son dernier film, Bellamy, inspiré d'un fait divers, ne déroge pas à l'univers Chabrolien. L'inspecteur, incarné par Depardieu ressemble un peu à Maigret par son côté bougon mais il est hanté par des démons comme l'alcool et la culpabilité. Quant à son épouse (excellente Marie Bunel), elle est beaucoup plus légère que l'image qu'on se fait de Madame Maigret. Elle fume de gros cigares et dîne en ville sans porter de sous-vêtements ...